Des opérateurs de justice, des journalistes et des défenseur·e·s indigènes des droits humains ont subi des attaques et des représailles de la part d’un gouvernement de plus en plus audacieux, ce qui confirme l’urgence d’adopter des mécanismes juridiques pour la protection des défenseur·e·s des droits humains.
« Les défenseur·e·s des droits humains sont un pilier fondamental pour la construction et la protection de la démocratie naissante qu’est le Guatemala. C’est pourquoi, en 2014, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a ordonné à l’État de mettre en œuvre une politique publique globale pour leur protection », explique Carlos Martínez, avocat au cabinet d’avocats des droits humains du Guatemala, une institution qui a représenté les défenseur·e·s des droits humains (DDH ou défenseur·e·s) au niveau national et international.
« Près de sept ans plus tard, cette politique ne s’est pas concrétisée. Le fait que les journalistes et les défenseur·e·s des droits humains continuent à faire leur travail malgré des conditions de plus en plus difficiles témoigne de leur courage », a ajouté M. Martínez.
Ces derniers mois, les défenseur·e·s des droits humains au Guatemala ont été victimes de harcèlement et d’intimidation. Si cette situation n’est pas nouvelle, l’implication directe d’agents de l’État dans les attaques a déclenché des signaux d’alarme. Voici quatre exemples de cas qui se sont produits en mai et juin:
Un membre de la Cour suprême de justice a harcelé la correspondante de CNN au Guatemala, prenant et partageant des photos de la journaliste alors qu’elle couvrait un événement officiel.
La détention irrégulière et l’arrestation des militants anticorruption Juan Foppa et Aníbal Argüello, sous l’accusation disproportionnée d’avoir prétendument « falsifié des documents pour créer un parti politique ».
Allégations de violence psychologique à l’encontre de femmes et ordonnances restrictives déposées contre les journalistes Marvin del Cid et Sonny Figueroa, suite à leurs reportages enquêtant sur des allégations de corruption et des campagnes de dénigrement mises en scène par des personnalités politiques de premier plan.
L’arrestation et le recours à une force excessive pour capturer 21 défenseur·e·s Maya Q’eqchi’ de la communauté Chicoyogüito, qui manifestaient pacifiquement pour réclamer leurs terres ancestrales.
La nécessité d’une politique de protection des défenseur·e·s des droits humains
Ces cas illustrent clairement comment des agents de l’État guatémaltèque ont ordonné, aidé ou autorisé des attaques et des représailles contre des défenseur·e·s des droits humains.
« Ces incidents ne peuvent être considérés comme isolés, car le gouvernement actuel n’a montré aucun intérêt pour la protection des défenseur·e·s des droits humains « , déclare Javier Urízar de l’ISHR. « L’organisme national de protection des défenseur·e·s des droits humains a été inexplicablement supprimé cinq jours après sa création, alors que certains prisonniers d’opinion, comme Bernardo Caal, purgent toujours des peines injustes », a-t-il conclu.
La société civile s’est également inquiétée du manque de protection des défenseur·e·s des droits humains, déplorant l’absence non seulement d’un organe, mais aussi d’une politique générale de protection des défenseur·e·s des droits humains.
Jorge Santos, coordinateur général de l’Unité guatémaltèque de protection des défenseur·e·s des droits humains (UDEFEGUA), déclare : « Il est nécessaire que l’État guatémaltèque mette en place un scénario de construction démocratique et de sauvetage institutionnel qui respecte, garantisse et protège les droits humains, et en particulier qui permette la liberté d’exercer le droit de défendre les droits. Une première étape consiste à reprendre la construction de la « Politique publique pour la protection des défenseur·e·s des droits humains ».
Retrouvez le document original ici en anglais et espagnol (ISHR).