Au cours des deux dernières décennies, l’Albanie a fait des progrès considérables dans la promotion et le respect des droits humains et des libertés fondamentales. Les défenseur·e·s des droits humains ont joué un rôle déterminant dans ces réalisations et dans l’avancement des droits humains, de la démocratie et de l’État de droit. Cependant, malgré les progrès réalisés jusqu’à présent, l’Albanie doit encore assurer une conformité réglementaire totale avec les normes internationales et mieux répondre aux préoccupations des défenseur·e·s des droits humains, qui sont souvent soumis à des restrictions et à des difficultés indues qui sapent leur travail. Un grand nombre des difficultés qu’ils rencontrent dans leur travail quotidien sont dues à l’inadéquation des cadres juridiques, institutionnels et politiques. Ce rapport met en lumière certaines des difficultés rencontrées par les défenseur·e·s des droits humains en Albanie et fournit des recommandations pour les surmonter.
Les recherches ont montré que les menaces et les attaques subies par les défenseur·e·s des droits humains en Albanie vont des campagnes de dénigrement et d’intimidation aux discours de haine et au harcèlement, tant physique que psychologique. Bien qu’ils opèrent généralement dans un environnement non restrictif, ils ont également signalé des cas de pression directe et indirecte de la part des autorités de l’État. Les défenseur·e·s des droits humainsdes droits humains les plus menacé·e·s en Albanie sont celleux qui œuvrent à la protection des droits de la communauté LGBTI+, des victimes de la traite et de la violence domestique, ainsi que les journalistes d’investigation, qui font également l’objet d’attaques ciblées. Les défenseures des droits humains sont particulièrement exposées aux attaques sexistes, telles que l’intimidation en ligne et le harcèlement sexuel. L’espace de démonstration de la liberté d’expression pour les défenseur·e·s des droits humains s’est encore détérioré ces dernières années, notamment avec l’introduction d’un “paquet antidiffamation” destiné à réglementer l’activité des médias en ligne. D’autre part, quelques mécanismes sont en place pour protéger et promouvoir le travail des défenseur·e·s des droits humains, tels que la résolution pour la protection des défenseur·e·s des droits humains, le médiateur et le commissaire pour la protection contre la discrimination, mais ils ne permettent pas une mise en œuvre et une protection efficaces. Il n’existe pas de législation permettant aux autorités d’agir avec la diligence requise contre les violations commises à l’encontre des défenseur·e·s des droits humains en Albanie. Les attaques, menaces ou intimidations dont sont victimes les défenseur·e·s des droits humains sont souvent négligées, ignorées ou ne font pas l’objet d’une enquête appropriée. L’absence de réponse proactive de la part des institutions publiques en matière de protection des défenseur·e·s des droits humains rend leurs activités particulièrement précaires. Les défenseur·e·s des droits humains contribuent de manière significative à la promotion et à la protection des droits humains et des libertés fondamentales. Compte tenu de la nature de leur travail, il est essentiel que les institutions publiques leur assurent une reconnaissance et une protection appropriées. En outre, bien que la constitution prévoie un pouvoir judiciaire indépendant, les défenseur·e·s des droits humains sont sceptiques quant à l’efficacité des enquêtes menées par les tribunaux albanais. Les niveaux élevés de corruption, les pressions politiques et les intimidations continuent de faire de l’ombre à leur indépendance et de saper l’autorité du pouvoir judiciaire.
Ce rapport fournit des recommandations sur la manière d’améliorer et de promouvoir le travail des défenseur·e·s des droits humains. Les autorités nationales sont encouragées à améliorer le cadre juridique et institutionnel existant afin de garantir un environnement plus favorable aux défenseur·e·s des droits humains. Une étape importante consiste à mettre en place des mécanismes de protection efficaces pour les défenseur·e·s des droits humains en danger, ainsi qu’à accroître l’efficacité, la transparence et la sensibilisation des organes chargés de l’application de la loi, et pour le pouvoir judiciaire à mener des enquêtes rapides, à poursuivre et à punir les auteur·e·s d’attaques contre les défenseur·e·s des droits humains. Des efforts supplémentaires doivent être faits pour encourager une implication plus proactive des médias indépendants, de la communauté internationale et de la société civile dans la sensibilisation, le renforcement et la promotion du rôle des défenseur·e·s des droits humains.
Retrouvez le document original ici en anglais (Civil Rights Defenders).
Alternativement, vous pouvez accéder chacun des rapports nationaux sur Albanie, Bosnie & Herzegovine, Kosovo, Monténegro, Nord Macedonie and Serbie dans leur langue locale.