Depuis 2014, les pays africains sont de plus en plus nombreux à adopter ou à envisager l’adoption d’une législation nationale visant à promouvoir et à protéger les défenseur·e·s des droits humains (DDH ou défenseur·e·s). Pourquoi avons-nous besoin de ces lois? Comment contribuent-elles à une meilleure protection des défenseur·e·s sur le continent?
Le 23 octobre, la Rapporteuse spéciale sur les défenseur·e·s des droits humains et point focal sur les représailles de la Commission africaine a organisé un panel sur la protection des défenseur·e·s en mettant l’accent sur les lois de protection.
Depuis l’adoption par la Côte d’Ivoire en 2014 d’une loi sur la promotion et la protection des droits des défenseur·e·s, de nombreux pays d’Afrique ont suivi l’exemple. C’est le cas du Burkina Faso et du Mali qui ont respectivement adopté des lois similaires en 2017 et 2018. D’autres pays d’Afrique sont actuellement en train d’adopter de telles lois. Le panel a été une occasion unique pour les intervenants de partager leurs expériences, en particulier les défis liés à la promulgation de ces lois.
« L’Afrique a clairement fait un pas en avant en ce qui concerne la promulgation de lois protégeant les défenseur·e·s. Cependant, il reste un défi à relever : l’inclusion dans ces textes d’une définition large des défenseur·e·s, aussi inclusive que celle adoptée par les Nations unies dans la Déclaration des Nations unies sur les défenseur·e·s », a déclaré Michel Forst, Rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des défenseur·e·s des droits humains.
Lors de son intervention, Hassan Shire, directeur exécutif de DefendDefenders, a souligné la nécessité pour les défenseur·e·s de bénéficier d’une protection juridique au niveau national pour leur travail quotidien. « Il est nécessaire de protéger les défenseur·e·s par des cadres juridiques nationaux afin qu’ils ne soient plus ciblées pour leur travail légitime en faveur des droits humains. Les défenseur·e·s font entendre la voix des personnes partout dans le monde. Ils disent la vérité au pouvoir, souvent à ceux qui ne veulent pas l’entendre » a déclaré Shire.
Le représentant du gouvernement du Burkina Faso a partagé l’expérience spécifique du pays qui a conduit vers l’adoption de la loi sur les défenseur·e·s en 2017. Suite aux appels des organisations locales, le Burkina Faso a été le deuxième pays d’Afrique à adopter une telle loi. « Nous avons réalisé très tôt à quel point l’inclusion de la société civile dans ces processus était cruciale. Elle a apporté des contributions très précieuses, et continue à le faire aujourd’hui, lorsque nous travaillons sur la mise en place de notre mécanisme de protection », a déclaré le représentant.
Enfin, le Rapporteur spécial de la Commission africaine sur les défenseurs des droits de l’homme a souligné l’importance pour les États de créer un cadre juridique protégeant les défenseur·e·s afin que ces derniers puissent contribuer à la protection des droits humains dans leur pays. « La protection des droits humains n’a jamais été un crime et ne devrait jamais l’être », a-t-il conclu.